vendredi 26 décembre 2014

Lettre d'un vieux père à son fils

Si un jour tu me vois vieux, si je me salis quand je mange et que je ne réussis pas à m’habiller, sois compréhensif, souviens-toi du temps que j’ai passé pour t’apprendre.

Si, quand je parle avec toi, je répète toujours les mêmes choses, ne m’interromps pas, écoute-moi. Quand tu étais petit, je devais te raconter chaque soir la même histoire avant que tu ne t’endormes.

Quand je ne veux pas me laver ne me rends pas honteux, souviens-toi quand je devais te courir après en inventant mille excuses pour que tu prennes ton bain.

Quand tu vois mon ignorance pour les nouvelles technologies, donne-moi le temps nécessaire et ne me regarde pas avec ce sourire ironique ; j’ai eu tant de patience pour t’apprendre l’alphabet.

Quand par moment je n’arrive pas à me souvenir ou que je perds le fil de la conversation, donne-moi le temps nécessaire à retrouver la mémoire, et si je n’y arrive pas, ne t’énerve pas, la chose la plus importante n’est pas ce que je dis, mais le besoin d’être avec toi et de t’avoir là à m’écouter.

Quand mes jambes fatiguées n’arrivent plus à tenir la cadence de tes pas, ne me
considère pas comme un boulet, viens vers moi et offre moi la force de tes bras, comme je l’ai fait lorsque tu as fait tes premiers pas.

Quand je dis que j’aimerais mourir, ne te fâche pas, un jour tu comprendras ce qui me pousse à le dire. Essaie de comprendre qu’à mon âge on ne vit pas, on survit.

Un jour tu découvriras que malgré mes erreurs je n’ai toujours voulu que le meilleur pour toi, que j’ai tenté de te préparer la route.

Donne-moi un peu de ton temps, donne-moi un peu de ta patience, donne-moi une épaule sur laquelle poser ma tête de la même façon que je l’ai fait pour toi.

Aide-moi à avancer, aide-moi à finir mes jours avec amour et compréhension, en échange tu n’auras que mon sourire et l’immense amour que j’ai toujours eu pour toi.

Je t’aime mon fils.


4 commentaires:

  1. La Vie est réciprocité ..
    Ce texte évoque en moi ces mots d' Yvan Amar :
    " Dans la Lîlas des mondes infinis je tisse les liens entre les fils, les fils de moi-même pour la seule joie de me reconnaître dans le regard de ceux qui s'aiment"

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    1. Magnifique: la seule joie de me reconnaître dans le regard de ceux qui s'aiment... Merci Lise.

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  2. Je suis arrivée jusqu'à vous en passant par ma passion pour la poésie de Christian Bobin ...
    Merci pour votre site.

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    1. Alors nous devions nous entendre. Christian Bobin est pour moi non seulement mon auteur préféré mais aussi un Maître et il me suffit d'ouvrir l'un de ses livres, à n'importe quelle page, de lire quelques mots et je m'extrais immédiatement de la lourdeur de mon monde pour toucher à cet endroit en moi de paix infini et d'accueil et je me sens tout à coup légère, légère... Bienvenue Rose et merci pour votre visite.

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