dimanche 10 mai 2015

Ombre et lumière...

Au lieu d'accompagner mes aînés sur le chemin de la révolte, la sagesse me conseille de m'en remettre pour toujours à un pays. De lui, d'une maison, d'un cimetière reconnu chaque matin derrière une fenêtre, d'une tour, d'un clocher, d'une perspective, je reçu le droit de vivre sans nourrir de vaines espérances. Alors qu'enfant je désespérais de voir s'évanouir l'été, j'accueillis, jeune fille, toutes les saisons avec une égalité d'humeur qui étonna mon entourage. Les orages et les tempêtes, après m'avoir effrayée, me devinrent aussi nécessaires que le calme des belles journées ; leur violence apaisait la mienne.

Un jour de promenade, alors que j'observais la nature autour de moi, le jeu de l'ombre et de la lumière me renvoya à celui du bien et du mal. Où se disait l'un, où se déclarait l'autre ? Qui connaissait les règles de ce jeu-là ? Dès lors, je me méfiais des gens vertueux, de leurs bontés, de leurs services. Comme la mère qui protège l'enfant disgracié, je me rapprochai du mal auquel je trouvais des excuses et une utilité ; celle de mettre en valeur le bien. Il m'arriva même de le préférer au bien ou à ce qu'on me présentait comme tel. Le sentier qui menait à ma vérité, n'était pas droit, et ce n'étais pas dans les livres de théologie de mon père que je trouverais la réponse aux questions qui se posaient en moi. Je ne pouvais me fier qu'à ma bonne volonté et à mes réflexions...

« Notre séjour à Bruxelles n'aura servi à rien ! Dit Charlotte.
Je ne suis pas de cet avis. Il aura servi à nous prouver qu'il n'y a de salut qu'en nous. La paix, l'espérance et la joie sont en toi, Charlotte, nulle part ailleurs ».

Emily Bronté

 Drôme provençale en avril