mardi 15 août 2017

Se déposer dans les bras du Vivant



"J'aimerais tant pouvoir une fois m'abandonner complètement dans les bras de quelqu'un qui me soutient de sa force aimante : cela me permettrait de goûter une fois la détente complète de tout mon être... Mais je n'ai jamais trouvé ces bras-là..." me dit-elle, les yeux emplis de la tristesse d'une vie en laquelle son aspiration n'a jamais pu se vivre.
 
Avec douceur, je lui dis qu'il est possible qu'elle se dépose dans les bras du Vivant, si aucun être ne peut lui offrir les siens.
 
 Elle me demande alors "Mais où sont-ils ?"
 
 
Comme elle, d'autres interrogent :
"Où sont les bras du Vivant ?" demande celle qui n'a jamais reçu le tendre soutien de la mère.
"Où sont les bras du Vivant ?" demande celui qui n'a jamais reçu la force soutenante du père.
"Où sont les bras du Vivant ?" demande celle qui n'a jamais reçu le regard aimant de son compagnon.
"Où sont les bras du Vivant ?" demande celui qui n'a jamais reçu l'accueil bienveillant de sa compagne.
 
Moi-même, j'ai longtemps cru que je ne pouvais me laisser aller, m'abandonner, parce que je ne trouvais pas en face de moi, celui ou celle qui avait la force, l'amour, la capacité, de me tenir, de me soutenir, de me contenir, de m'offrir cet espace où je pourrais en toute sécurité, me poser, me déposer, me reposer, enfin...
 
Puis, un jour, allongée sur le sol, dans un champ, regardant le ciel, j'ai vu passer toutes mes pensées, et j'ai choisi, juste là, de lâcher toute idée que je dois faire, je dois gérer, je dois porter, je dois tenir bon...
 
À l'instant même de tout mon corps, de tout mon coeur, de tout mon être, je me suis laissée aller, je me suis abandonnée sur le sol...
 
De chaque fibre de mes muscles, de chaque cellule de mon corps, je me suis donnée le droit de ne plus me soutenir moi-même, de ne plus rien porter de moi...
 
Là, pour la première fois de ma vie, j'ai senti les bras du Vivant qui m'entouraient, qui me portaient, me soutenaient, me câlinaient et j'ai entendu la voix du Vivant qui murmurait à mon oreille : "Tu ne peux sentir mon soutien que lorsque tu cesses de te tenir. Tu ne peux sentir que je te porte que lorsque tu cesses de vouloir porter. Tu ne peux sentir que je t'entoure que lorsque tu cesses de me chercher ailleurs qu'en la sensation globale de tout ton corps. Je suis toujours là. Tu es toujours dans mes bras. Depuis toujours. Pour toujours. Pour un instant, perçois-le..."
 
Puisse ce jour permettre à chacun-e de goûter, pour un instant, la détente de se déposer dans les bras du Vivant...
 
Isabelle Padovani 
 
C'est ici, en nageant seule dans ce petit lac, au coeur de la nature sauvage de la Drôme provençale, au coeur du vivant, que je me suis sentie soutenue par les bras de La Vie, du Divin  pour la première fois... Souvenir inoubliable! Pascale

jeudi 27 juillet 2017

La gaité

Une seule chose compte c'est la gaieté, ne laisse jamais personne te l'enlever. 

C. Bobin

 

 Orchis pyramidal et Cleridae

(il y en a beaucoup dans le pré : magnifiques!)

lundi 17 avril 2017

Samsara et Nirvana



Malléable, l'esprit est capable de changement. Apprenons donc à voir dans quelle mesure nous pouvons le transformer, identifions les moyens qui permettent d'y parvenir et mettons-les en œuvre. Le samsara, ou cercle des existences, et le nirvana, son dépassement, ne sont pas comme des lieux géographiques éloignés l'un de l'autre. Ce sont deux états de l'esprit. Le samsara est une déviation par rapport à la connaissance, une vision distordue de la réalité qui assujettit l'esprit aux émotions négatives, tandis que le nirvana est un état de liberté intérieure, affranchi de tout obstacle conceptuel et émotionnel.
Enseignements oraux donnés à Schvenedingen en Allemagne, 1998.
FOURTEENTH DALAI LAMA, TENZIN GYATSO (B. 1936)

samedi 8 avril 2017

Le bonheur quoi qu'il arrive - Armelle Six



...
Son propos est fulgurant parce que d'une honnêteté absolue, d'un engagement total. Il nous permet ainsi de comprendre en quoi consistent nos compromis, nos stratégies, nos mensonges. Chez elle, la liberté est souveraine. Et cette liberté réveille la nôtre.
(4ème de couverture)

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Je regarde Armelle Six sur youtube régulièrement, mais son livre a favorisé chez moi des prises de conscience majeures et ma vie en est toute autre. Je me sens calme, apaisée, détendue, joyeuse, curieuse, profondément, très profondément, au coeur des aléas de ma vie qui, eux, n'ont pas changé. Ou plutôt, il y a un grand calme, une paix, une détente, une joie, une curiosité, un détachement, qui se vivent dans mon corps... Je ressens vraiment que c'est La Vie qui vit et agit en moi. Et ça change tout! Le savoir intellectuellement est une chose, mais le sentir en soi c'en est une autre!

Le titre de ce livre pourrait être: "Suivre la Joie"! (En hommage à une cheminante du net qui se reconnaîtra...)

lundi 13 février 2017

De l'Âme ... du jardinet...

A Paris, ma fenêtre donne sur un jardinet adossé au parc voisin dont la frondaison est majestueuse. Ce jardinet a pour âme un tilleul. Grâce à la pluie abondante au printemps, l'arbre atteint, quand vient l'été, une forme de plénitude inouïe. Les amis qui passent chez moi, invariablement, poussent un "Oh!" d'émerveillement, et surtout d'étonnement. Comment cela est-il possible? Comment se fait-il que la terre, qui venait du Chaos, ait généré un arbre comme celui-là, en son ovale parfait composé d'innombrables branches, rameaux, feuilles et fleurs dont le foisonnement et le frissonnement, loin de se répandre en désordre, obéissent à un constant souci d'entente et d'harmonie, faisant de lui une figure emblématique de beauté? Comment ce tronc droit, apparemment modeste, a-t-il pu porter, calme et confiant, cette magnifique corolle de feuillage, pleine de noblesse, d'une gloire presque trop écrasante pour lui? Il a fallu qu'à partir de lui, chaque branche croisse et respire selon sa poussée interne, tout en ayant souci d'orienter sa courbe vers un centre, dont la force centripète assure à chaque instant à l'ensemble des branches une juste répartition d'air, de lumière et de sève. Une présence organique, faite de frémissante interaction, s'affirme là. Pour peu que passe une brise, la voilà qui entre dans sa rythmique, opérant une sûre brisure dans l'espace, un Ouvert où le fini et l'infini sont en perpétuelles épousailles. Une volonté la soutient, cette présence, une intention l'habite. Fontaine au jaillissement continu, elle n'est plus que donation et accueil. Elle distribue sans réserve ombres parfumées et éclats nourriciers à ceux que ses ondes attirent, oiseaux migrateurs, errants humains.


Le lien entre l'arbre et les oiseaux semble naturel. Mais l'alliance de l'arbre avec les hommes est-elle assez prise en compte par nous? Sommes-nous conscients que nous ne pouvons trouver dans la nature compagnon plus fiable et plus durable? Cet être debout comme nous, qui depuis les profondeurs du sol tend résolument vers le haut, nous rappelle que notre être tient tout autant de la terre que du ciel. Prenant appui sur sa base de lave, d'humus ou de limon, il s'épanouit en un véritable entonnoir pour boire la pluie tombée du ciel, et venu de plus haut encore, pour boire le souffle lumineux dont tout l'univers est animé. Il arrive qu'au cœur du désert, ou à l'horizon d'une plaine, se dresse un arbre seul. Cela suffit aux nomades que nous sommes pour que nous ne nous sentions plus seuls, pour que la création ne nous semble plus vaine. A nouveau nous assaillent des questions apparemment sans réponse mais qui, posées, pourraient être autant de réponses. Pourquoi cette terre, considérée par beaucoup comme aveugle, inconsciente et sans direction aucune, a-t-elle abouti à une chose aussi parfaite qu'un arbre? Plus généralement, pourquoi l'anonyme immensité a-t-elle engendré chaque être, aussi minime soit-il, en son irréductible unicité. Pourquoi sommes-nous là, jouissant du privilège de voir ces choses et de nous en émouvoir, tout en sachant que nous ne venons pas de nous-même? Pourquoi tant et tant de présences palpitant de vouloir-vivre? Pourquoi tant et tant de signes vibrant d'appels et de sens? Dans la vallée qui a sombré dans le silence, un oiseau chante, et voilà que nous sommes envahis d'une indicible nostalgie. Sur le haut mont dénudé par le vent, une fleur sauvage nous salue, et voilà que nous tombons à genoux de reconnaissance. Ici, notre âme nous invite à consentir au mystère. Nous qui voyons de l'univers la part visible et qui en faisons partie, sommes-nous vus? Si le voir n'était pas précisément à l'origine, serions-nous capables de voir?



Oui, nous devons être assez humbles pour reconnaître que tout, le visible et l'invisible, est vu et su par Quelqu'un qui n'est pas en face, mais à la source. Seul celui qui jouit du voir total jouit du vrai savoir et du vrai pouvoir. C'est grâce à cela que l'univers vivant est en devenir, et que nous le sommes aussi. Un chant surgi de ma mémoire me vient aux lèvre, je vous le dédie:

Un iris
Et tout le créé justifié.
Un regard
Et justifiée toute la vie.


Votre dévoué

François Cheng
Extrait de son livre "De l'Âme"

J'ai adoré ce livre, je vous en propose un extrait choisi...