vendredi 13 février 2015

La présence inconditionnelle (suite) s'ouvrir et entrer

Parfois, Jane dérivait sur des jugements mentaux ou des histoires concernant la douleur. Il est important de ne pas être prisonnier de ces interprétations mentales ou de ces drames ("Ce sentiment est trop fort, il est plus grand que moi, il va m'avaler tout cru") car ils interfèrent dans votre rencontre avec l'expérience directe. C'est particulièrement vrai des jugements sévères ("Si je me sens si mal aimé, cela signifie que je ne suis pas quelqu'un de bien"). Je l'ai aidée à voir ces jugements comme des histoires qu'elle se racontait, puis à les mettre doucement de côté et à revenir aux sensations de son corps.

Ensuite, j'ai encouragé Jane à s'ouvrir à la sensation douloureuse de n'être pas aimée. S'ouvrir, dans ce contexte, signifie ouvrir son coeur à un sentiment, laisser complètement les sensations évoluer dans notre corps sans lutter contre elles. Après avoir passé quelque temps à s'ouvrir à ce sentiment, elle m'a dit: "Je me sens plus calme. La douleur est encore là, mais je peux la laisser exister." S'ouvrir à la douleur lui avait permis de s'y habituer, de sorte qu'elle n'était plus aussi menaçante.

Au bout d'un moment, j'ai proposé à Jane d'aller un peu plus loin, d'entrer dans la sensation du manque d'amour et de l'habiter pleinement. Entrer, signifie placer sa conscience au coeur du sentiment de façon à ne faire qu'un avec lui, ne plus le voir comme quelque chose en dehors de soi.

JW - Pouvez-vous laisser votre conscience entrer dans la douleur, comme si vous vous installiez en plein milieu?

JA - Je me sens triste et vulnérable, a répondu Jane.

JW - Oui, essayez de ne faire qu'un avec la tristesse, ne restez pas séparée d'elle. Voyez si vous pouvez vous détendre en elle.

Elle est restée silencieuse pendant quelques minutes, puis elle a dit:

La tristesse est toujours là, mais elle n'est plus aussi pesante.

Au bout d'un moment, elle s'est assise toute droite et m'a regardé.

Ca change. Je sens encore la vulnérabilité, mais il y a aussi plus de tendresse et de chaleur.

Son visage était totalement détendu et à l'évidence, elle était plus ancrée dans son corps.

JW - Que ressentez-vous à présent?

JA - C'est étrange... Il y a de la douceur, a-t-elle répondu avec un sourire hésitant.

JW - Vous sentez-vous toujours déconnectée de l'amour?

Jane a réfléchi.

- pas en ce moment.

N'étant plus focalisée sur Tom ou leur relation, Jane sentait son propre coeur, ce qui lui procurait cette douceur dans le corps. Le fait de se mettre à l'endroit du manque d'amour et de s'être ouverte à sa douleur et à sa vulnérabilité avait suscité l'amour en elle, sous la forme d'une subtile présence de douceur et de chaleur qui avait pénétré ses coins sombres. (...)

Alors quand vous vous sentez mal aimés, au lieu de chercher un remède extérieur, comprenez que c'est le signe que vous êtes déconnectés de votre propre coeur. C'est cette déconnexion qui est le poison. Vous ouvrir à la douleur de ce sentiment vous met en contact avec une certaine tendresse ou vulnérabilité; c'est le signe que votre coeur, qui a le désir naturel et la capacité de se connecter, est à portée de main. Cela vous ramène à vous-même; et c'est cela le remède à la déconnexion.. La douleur du manque d'amour est alors beaucoup plus qu'une simple douleur. C'est un cri direct de votre coeur: "Tu as perdu le contact avec moi, qui suis le sang de ton existence". (...)

Si vous fuyez la blessure, vous ne faites que lui donner plus de pouvoir sur vous. Pour finir, votre corps émotionnel se sent comme une maison abandonnée et hantée. Plus vous fuyez la douleur du manque d'amour, plus elle se renforce dans l'obscurité et plus votre maison est hantée. Plus elle est hantée, plus cela vous terrifie. C'est le cercle vicieux qui vous maintient coupé de votre être, ayant peur de vous-même.

Mais lorsque vous acceptez cette rencontre avec vous-même à l'endroit du manque d'amour, les portes et les fenêtres de la maison hantée commencent à s'ouvrir, laissant entrer le soleil et l'air frais. Peu à peu, la maison devient plus vivable. En apprenant à tolérer les sensations de douleur ou de vulnérabilité, on développe un nouveau muscle. Grâce à votre capacité grandissante de faire face à votre douleur, la blessure qui vous paraissait autrefois si énorme et vous submergeait devient tolérable.

En allant à la rencontre de vous-même à l'endroit où vous vous sentez déconnecté, il se produit quelque chose de nouveau et de fort; c'est simple et cependant radical: vous commencez à habiter en vous. Vous reprenez possession de votre coeur solitaire et le ramenez à la vie.

(Extrait de Parfait amour imparfait bonheur de John Wellwood)

Et cela est valable pour toutes les blessures (ça c'est moi qui rajoute)! C'est le processus pour accueillir ce qui se vit en nous, pour accepter, pour être un avec... pour s'aimer de plus en plus... et il n'y a qu'en s'aimant qu'on peut aimer, c'est mon expérience. Pascale






Hommage à mon arbre préféré, devant la fenêtre, je l'admire chaque jour, je le remercie de donner à ce lieu tout son charme, sa force, sa beauté, sa paix, d'accueillir avec tant de générosité les oiseaux, le vent, la pluie, le soleil, la neige...
J'ai beaucoup de gratitude pour tout ce qu'il m'apporte...

1 commentaire:

  1. Merci tendre Amie qui offre toujours plus de douceur ... Ce livre que tu m'avais fait connaître je ne l'ai pas assez exploré... revisité par toi, et ta conviction intérieure, il offre un merveilleux cadeau d'espérance au coeur du plus sombre.
    Merci encore d'être toi.. Je te souhaite mille moments de bonheur auprès de ton arbre... Je t'embrasse fort.. Sylvie

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